Portrait des personnes âgées de 45 ans et plus sur le marché du travail au Québec

RapportOCE_vol1_CC45+

 

 

Dans le premier rapport commandité à l’Observatoire compétences-emplois de son portrait des travailleuses et travailleurs de 45 ans et plus sur le marché du travail, le Comité consultatif des travailleuses et travailleurs de 45 ans et plus (CC45+) s’intéresse à la question du vieillissement démographique de la main-d’œuvre québécoise, à un moment où le manque de main-d’œuvre atteint des seuils jamais vus dans le passé. On y documente la présence des 45 ans et plus sur le marché du travail pour analyser et comprendre leur participation et leurs comportements en se concentrant sur trois bassins du marché du travail : le bassin des personnes en situation d’emploi (le fait d’occuper un emploi), le bassin de main-d’œuvre à la recherche d’emploi (en situation de chômage) et le bassin d’inactivité (le fait de ne pas travailler sur le marché formel de l’emploi, le fait d’être à la retraite, etc.).

Un constat général en ressort : le vieillissement de la population n’est pas seulement un phénomène démographique puisque ses effets influent directement sur la participation au marché du travail. L’augmentation de la population âgée de 45 ans et plus entraîne des changements significatifs dans le type de main-d’œuvre disponible. Il est donc primordial de prendre en considération les besoins des travailleuses et travailleurs expérimentés dans les réflexions sur le marché du travail.

Pistes de réflexion

À travers une analyse de données statistiques extraites de l’Enquête sur la population active (EPA), l’Observatoire compétences-emplois documente les changements de la composition démographique du marché du travail québécois et les différences significatives entre les bassins de main-d’œuvre et les différents groupes d’âge.

Ce portrait statistique amène à dresser cinq principaux constats sur l’évolution démographique des 45 ans et plus sur le marché du travail :

  • Les 45 ans et plus ne sont pas un groupe homogène : la contribution de chacun des groupes d’âge de 45 à 49 ans à 70 ans et plus au marché du travail ainsi que leurs comportements varient grandement ;
  • L’expérience de la main-d’œuvre québécoise augmente : l’augmentation de 9,6 p.% de la participation des personnes âgées de 45 ans et plus dans les bassins de main-d’œuvre peut constituer un atout important pour les employeurs en termes de productivité, d’innovation, d’apprentissage et de performance organisationnelle ;
  • Une plus grande part de travailleurs potentiels est admissible à la retraite : c’était près du tiers des travailleurs potentiels en 2018, ce qui accentue la nécessite de créer des conditions permettant de capitaliser sur l’expérience des travailleuses et travailleurs expérimentés pour éviter une perte d’expérience et de connaissances de la main-d’œuvre québécoise ;
  • Une plus grande part des personnes en recherche d’emploi est âgée de 55 à 64 ans : une donnée d’autant plus importante que ces travailleuses et travailleurs sont plus susceptibles de se retrouver en situation de chômage de longue durée ;
  • Une part moins importante des personnes inactives est âgée de 45 à 59 ans.

Ces constats nous amènent à quatre pistes de réflexion et d’actions en lien avec la présence accrue des travailleuses et travailleurs expérimentés dans les différents bassins du marché du travail.

  • Piste 1 : Rétention et transfert des connaissances

Un enjeu d’autant plus important dans la situation de pénurie de main-d’œuvre actuelle, la rétention, le transfert et la valorisation des connaissances et compétences concernent aussi bien les travailleurs en emploi que ceux qui sont en situation de recherche d’emploi, mais influent également sur « la compréhension de l’inactivité et des autres formes d’activité hors-marché du travail pour ceux se définissant comme inactifs ».

  • Piste 2 : Employabilité des travailleuses et travailleurs expérimentés

La hausse de la présence des travailleuses et travailleurs de 45 ans et plus dans les différents bassins du marché du travail oblige à considérer « l’employabilité perçue des travailleurs vieillissants en matière d’emploi, de soutien à l’emploi, de retraite et de pratiques de gestion des ressources humaines ». L’employabilité doit englober la mobilité entre les bassins et ne pas tenir compte uniquement des personnes en emploi ou en recherche d’emploi, mais aussi prendre en considération les transformations du marché du travail et les allers-retours d’une situation à une autre selon les choix individuels.

  • Piste 3 : Adéquation formation-emploi

La question de l’adéquation formation-emploi est également une préoccupation en lien avec la présence des travailleuses et travailleurs expérimentés sur le marché du travail et ne doit pas être perçue uniquement du point de vue de l’acquisition de nouvelles compétences. En effet, elle doit aussi prendre en considération « le désir de demeurer en emploi et de prolonger la vie active dans un emploi qui évolue avec le candidat en poste. » Ainsi, certaines exigences des employeurs en termes de compétences demandées pour un poste peuvent constituer un frein pour certaines personnes en recherche d’emploi mais également pour les travailleuses et travailleurs actuellement en emploi.

  • Piste 4 : Enjeux en lien avec la Covid-19

Un rapport sur la présence des travailleuses et travailleurs de 45 ans et plus sur le marché du travail en 2021 ne peut pas occulter les effets de la pandémie sur toutes les dimensions du marché du travail et les enjeux qui en résultent et viennent s’ajouter à la pénurie de main-d’œuvre associée au vieillissement de la population. Au moment de la rédaction de ce rapport, il était trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur l’impact de la Covid-19 sur le marché du travail. Cependant, on sait déjà que « les données actuellement disponibles tendent à indiquer que les travailleurs expérimentés font face à des défis particuliers sur le marché du travail dans le contexte actuel », parmi lesquels nous pouvons nommer la disponibilité des emplois et les besoins nouveaux en compétences (ex. compétences numériques, collaboration à distance), la recrudescence de stéréotypes âgistes que la pandémie a suscité dans certains cas et les inquiétudes liées à la santé la sécurité en milieu de travail.

 

Pour lire le rapport dans son intégralité : RapportOCE_vol1_CC45+